Ton actu

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mardi 6 janvier 2015

La Chine affirme sa puissance


L’actualité de cette fin d’année 2014 aura eu pour invité VIP une ancienne et prometteuse amie : la Chine. Entre accords économiques, projets géostratégiques, politiques climatiques et débats démocratiques, la nouvelle première puissance économique mondiale est sur tous les fronts. Revenons sur les points forts de l’actualité de ce pays qui promet encore bien des surprises.

La Chine, première puissance économique mondiale ?
Curieusement,  la nouvelle n’a pas fait grand bruit lorsque le Fond Monétaire International  a publié en octobre ses chiffres pour l’année 2014. C’est début décembre que l’information a marqué les esprits, la Chine est désormais la première puissance économique du monde. Elle vole la vedette aux Etats-Unis qui avait détrôné la Grande-Bretagne en 1872. Effectivement, la Chine représente 16,5% du l’économie mondiale contre 16,3% pour la puissance américaine. Le FMI a aligné ses calculs sur l’indice « parité pouvoir d’achat », c'est-à-dire que la Chine peut se procurer la même quantité (et plus !)  de biens et services que les Etats-Unis même si le cours de sa monnaie est moins élevé. * La Chine affiche aujourd’hui un PIB de 17 632 milliards de dollars, l’année dernière elle revendiquait déjà un certain leadership en terme de commerce mondial avec plus de 4000 milliards de dollars d’échanges en 2013 et 12,1% des exportations mondiales. Pourtant, le pays a encore du retard concernant le PIB par habitant, il est au 89ème rang mondial, du fait de sa population abondante et du niveau de vie très bas.  D’autre part la décélération de l’économie chinoise se confirme, les indicateurs de la production industrielle et de l’immobilier étant toujours en croissance mais de façon moins rapide. Pourtant, pas de quoi inquiéter les dirigeants chinois qui préfèrent accorder la priorité à la qualité de la croissance plutôt qu’à son rythme effréné, caractéristique des dix dernières années. Pour cela ils comptent sur les investissements directs à l’étranger notamment.  A titre d’exemple, on retient la bataille pour le rachat de Club Med par le milliardaire chinois Guo Guangchang à la tête du groupe Fosun ou encore le rapprochement entre le groupe hôtelier Accor avec le groupe Huazhu. Selon Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, ce rapprochement avec Huazhu « est la reconnaissance que les quatre groupes hôteliers chinois, qui n’existaient pas il y a dix ans, sont aujourd’hui les quatre premiers sur les secteurs du bas et du milieu de gamme en Chine ».La Chine affirme donc sa stratégie de montée en gamme. Malgré son léger ralentissement, l’évolution de sa croissance va sûrement continuer à marquer les esprits !

Un nouvel équilibre bipolaire en Asie-Pacifique
Par ailleurs, Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine, a affirmé sa volonté de faire de la Chine plus qu’une puissance économique, un acteur majeur de la géopolitique en Asie et, à terme, dans le monde. Pour cela, la Chine lance l’idée d’une nouvelle zone de libre-échange en Asie du Sud-Est afin de contrer l’influence américaine. Au sommet de l’Apec (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) en novembre dernier, Xi Jinping a dévoilé son vaste projet régional économique et diplomatique dans lequel la Chine tiendra la place centrale faisant concurrence à l’Accord de partenariat transpacifique (PTP) négocié dans la région par les Etats-Unis. Elle développe aussi une nouvelle liaison ferroviaire, la « nouvelle route de la soie » entre Duisbourg, en Allemagne, et Chongqing en Chine. Cette référence au passé glorieux de l’Empire du milieu et des ses excellentes relations avec l’Europe depuis le IIè siècle avant J.C, illustre parfaitement la volonté diplomatique de la nouvelle Chine : une stratégie double de rapprochement, l’une en direction de l’Occident et l’autre vers l’Orient. Ainsi, alors que le président chinois a rencontré cinq fois Vladimir Poutine au cours de l’année, il a entretenu avec Barack Obama des relations beaucoup plus froides.  II faut cependant retenir l’accord sur le climat conclu simultanément par les Etats-Unis et la Chine début novembre et qui engage cette dernière à diminuer ses émissions de gaz polluants à partir de 2030 mais apparaît en réalité être une bien faible avancée…

Une puissance encore loin d’être exemplaire
Toutefois, si elle veut réellement s’affirmer en tant que leader, la Chine doit encore soigner son image. En effet, le pays reste ancré dans une tradition éloignée de notre archétype démocratique. La façon dont ont été calmées les manifestations à Hong Kong en est la preuve. Cette ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine depuis dix-sept ans, conserve un statut spécial avec une justice indépendante et une plus grande liberté d’expression qu’en Chine continentale. Pourtant, depuis septembre, des mouvements pro démocratiques, conduits par des étudiants, ont vu le jour dans trois lieux symbolique de la ville. Les manifestants réclament le suffrage universel, le changement de mode de scrutin ainsi que le départ du chef de l’exécutif hongkongais. Ainsi, la situation illustre bien le paradoxe entre une Chine moderne, ouverte au monde et la ligne dure que conserve le gouvernement de Xi Jinping pour sa politique intérieure.  Fin novembre les campements des jeunes protestataires ont été évacués de force, donnant lieu à quelques heurts violents ainsi qu’à des arrestations. Depuis, les mouvements peinent à s’accorder entre ceux qui, comme 78% de la population, souhaitent mettre fin aux contestations et ceux qui souhaitent continuer la lutte. Ainsi, cette « révolution des parapluies » ne s’est soldée que par un courtois dialogue de sourd. Les autorités centrales chinoises n’ont pas modifié leur ligne de conduite pour 2017 : le chef de l’exécutif sera élu parmi deux ou trois candidats désignés par un comité de 1200 grands électeurs, laissant une voix plus que mineure au peuple hongkongais.

La Chine, nouveau numéro un économique, au pouvoir géopolitique grandissant doit donc encore faire face à de nombreux défis si elle veut pouvoir connaitre durablement elle aussi le statut de superpuissance mondiale, comme ont pu l’être la Grande-Bretagne et les Etats-Unis le siècle dernier.


Pauline T.


*Lindice parité pouvoir d'achat (PPA) permet de comparer le pouvoir d’achat entre pays par rapport à un « panier » de produits. Par exemple, avec ce calcul, un café à la même valeur en Chine qu’aux Etats-Unis.

dimanche 14 décembre 2014

L'enfer des réfugiés

« L’enfer c’est l’attente sans espoir » affirmait le romancier André Giroux il y a un demi-siècle. Mais l’enfer ne résiderait-il pas plutôt en un espoir inatteignable : l’aspiration d’une vie meilleure loin de chez soi ? Aujourd’hui, on estime qu’il existe autour de 70 millions de personnes « victimes de déplacement forcé » selon les organisations de l’ONU. Mais ce problème primordial reste complexe et controversé, c’est pourquoi nous vous proposons une certaine approche sur cet enjeu de société.

Tout d’abord, quels sont les critères qui définissent un réfugié ?

Selon la convention de Genève de 1951, est considéré comme un réfugié tout individu « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont il a la nationalité ». Il existe ainsi 16 millions de réfugiés stricto sensu, c’est-à dire ayant traversé une frontière, 30 millions de réfugiés internes, déplacés au sein de leur propre pays, et 26 millions de réfugiés climatiques. In fine, nous pouvons relever quatre principales raisons qui expliquent ces déplacements : les guerres, les régimes autoritaires, les famines et les catastrophes naturelles.

Comment les réfugiés sont-ils accueillis à l’étranger ?

L’objectif officiel de « contrôle des flux migratoires » cache une réalité plus sombre. Il existe en effet 450 camps de réfugiés reconnus dans le monde. En outre, les camps de déplacés internes sont au nombre d’un millier. Les politiques migratoires mettent à l’écart les populations jugées indésirables. Tels des criminels, les réfugiés sont exclus de la société. De la même manière que les prisons, ces lieux d’expulsions spécialisés réduisent les possibilités d’intégration. Ahmed Ali, un Erythréen patientant à Calais explique : « Nous ne sommes pas des criminels. Nous n’avons rien fait sauf quitter notre pays. Quand le soleil se couche, les ténèbres envahissent tout : mon pays vit dans les ténèbres en permanence. » Par ailleurs, à la fermeture d’un camp, que deviennent ces réfugiés ? Par exemple ceux de la place Sainte-Anne à Port-au-Prince, expulsés de force quand les autorités ont décidé de rénover le centre-ville ?

A savoir : Le plus grand camp au monde se trouve au Kenya à Dadaab.
Il accueille plus de 450 000 réfugiés, ce qui correspond à la taille d’une ville comme Lyon.

Non seulement la légitimité de ces lieux d’enfermement est contestable, mais les effets dissuasifs escomptés se révèlent illusoires. Ce ne sont pas ces politiques qui déterminent la décision des migrants, mais leur situation d’origine.  Par ailleurs au fil du temps, les camps deviennent de véritables villes fermées sur elles-mêmes. La vie s’y organise, comme en Palestine où les camps existent depuis plus de soixante ans. « L'homme est une ordure, il s'habitue à tout » pour citer l’écrivain russe Dostoïevski.  
Alors que la notion de réfugié établit un état d’urgence porté par l’espoir d’un avenir meilleur, une vie passée dans un camp révèle davantage la candeur de cette illusion.

[ L’histoire de Robiel ]

Intéressons-nous à l’histoire de Robiel Habtom*, un jeune homme de 25 ans ayant fuit la dictature qui règne en Erythrée. Orphelin de père, sans ressources mais éduqué, il tente d’échapper à la conscription obligatoire qui le ferait rentrer définitivement dans l’armée. Pour cela, il fuit son pays et essaie de rejoindre sa famille dans un camp au Soudan. Il y parvient, après une première tentative l’ayant conduit à deux ans de prison. Là-bas, c’est le coup de foudre. La tête pleine de rêves, Robiel décide de se rendre en Italie pour commencer ses études et fonder une famille. Il ne se doute pas du triste sort que lui réserve l’Histoire.

Le jeune homme paie des sommes considérables pour un périple partagé avec 200 autres migrants. Ils sont serrés à l’intérieur de camions puis de bateaux, sans nourriture et possibilité de dormir. Mais ce n’est rien comparé à la Lybie où de nouveau emprisonné, il a été soumis à la torture. Une fois arrivé en Italie, il est recueilli chez sa tante qui le décrit comme « un jeune homme de 25 ans tout ce qu’il y a de plus normal. Plein de rêves. ». Malheureusement, il ne trouve pas de travail et se rend dans ce que l’on appelle la jungle de Calais pour rejoindre la Grande-Bretagne*. Un soir, il se jette dans la mer glacée pour atteindre le ferry qui lui permettrait de réaliser son rêve. Mais au bout de vingt minutes de lutte silencieuse, Robiel et ses espoirs sont emportés au fond des flots.

Que retenir de cet exemple ?
« Seule la célébrité peut éventuellement fournir la réponse à l’éternelle complainte des réfugiés » Hannah Arendt
Robiel a connu une mort tragique et absurde comme beaucoup d’autres migrants, et pourtant nous ne savons généralement rien de leur histoire. Face à eux nous ressentons la défaite, la tragédie. Celles des sociétés, celle de tant de vies humaines gâchées. Il faut oser regarder ces réfugiés droit dans les yeux, si ce n’est droit dans leurs cœurs. La pire réaction est l’indifférence. Il est important de connaitre la vérité sur ces camps et de suivre leur devenir. Presque 70 ans après la seconde guerre mondiale, de nouveaux camps entourés de barbelés se banalisent. Les internés ne sont pas seulement privés de leur liberté de mouvement mais aussi de leur dignité, de l’accès aux soins ou encore du droit de vivre avec leur famille.

Le 8 juillet 2013, le Pape François s’exprimait à Lampedusa :
« La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris des autres,  nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais qui ne sont rien. Elles sont l’illusion de la futilité, du provisoire, qui mène à l’indifférence, plus encore, à la mondialisation de l’indifférence. »

A l’aune de cette indifférence, il faut souligner l’action de la communauté internationale. Un camp suppose la mobilisation : le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies) missionne 575 ONG dans le monde pour participer à la gestion des camps. 11 ,7 millions d’individus sont placés sous sa protection. Tout en reconnaissant que les contrôles aux frontières sont essentiels pour combattre la criminalité internationale, le HCR souligne la nécessité de réglementation afin que ces contrôles n'amènent pas au renvoi de réfugiés qui menaceraient leur liberté ou leur vie. L’UNRWA une autre agence de l’ONU, s’occupe spécifiquement de 5 millions de réfugiés palestiniens. De surcroît, la campagne « Open Access Now » a publié en octobre 2014 un livret pour faire connaitre la réalité de l’enfermement de cet « espace de liberté, sécurité et justice ». Somme toute, la question de ces protégés est avant tout un enjeu politique et humanitaire mais également un enjeu moral.
Chaque réfugié est un homme avec son histoire et l’avenir qu’il tente de se dessiner. Le silence est leur ennemi. Témoigner de leur terrible expérience leur permet de ne pas être effacés tout simplement de notre monde.
« Pour que notre monde ne compte aucun trou noir de l’Histoire, aucun endroit où les hommes disparaissent sans que l’on sache qui ils étaient, quels visages ils avaient, et quelle était leur histoire. » Laurent Gaudé* 

Pour en savoir plus : 

*Courrier International Cinquante murs à abattre n° 1253
*On estime aujourd’hui la présence de 2000 migrants « installés » dans des camps de fortune à Calais (Nord de la France). C’est 50 % de plus que l’an passé. Les migrants principalement originaires de l’Afrique subsaharienne tentent de rejoindre la Grande-Bretagne attirés par les conditions d’accueil plus favorables.

*Laurent Gaudé : écrivain français, il a obtenu le prix Goncourt des lycéens avec La Mort du Roi Tsongor en 2002. En 2004, il est lauréat du prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta. Il publie en 2006 Eldorado qui évoque Lampedusa et le sort des migrants africains.



D’où viennent les réfugiés ?


Où vont-ils ?
Afghanistan, Syrie, Somalie
à plus de la moitié des réfugiés de la planète viennent de l’un de ces trois pays

Afghanistan leader pour la 33e année consécutive : 2,6 millions de réfugiés
Syrie est en passe de doubler ce record :
2,5 millions en 2013
Somalie compte  1,1 million de réfugiés,
un chiffre stable qui relance l’espoir d’une amélioration de la situation.

10 plus grands pays de départ : 
Soudan : 650 000
Congo RDC : 500 000
Birmanie : 480 000
Irak puis Colombie : 400 000
Vietnam  puis Erythrée : 315 000
Centrafrique : 250 000
Chine : 195 000
Mali : 150 000
Reste du monde : 1,6 millions

Pakistan, Iran, Liban
à 86% des réfugiés ont atterri dans des pays dits en développement

Pakistan 1e pays-hôte numériquement :
1,6 million de réfugiés surtout afghans.
Liban 1e pays-hôte par rapport à la taille de sa population : 857 000 réfugiés
¼  habitants réfugiés, surtout des Palestiniens depuis 1948 et des Syriens depuis que la guerre civile a éclatée en 2011.

10 plus grands pays hôtes :
Jordanie : 640 000
Turquie : 610 000
Kenya : 535 000
Tchad puis Ethiopie : 430 000
Chine : 300 000
Etats-Unis : 260 000
(…) France : 230 000 
(…) All : 188 000 (…) Royaume-Uni : 125 000
Reste du monde : 1, 6 millions

Selon les estimations l’UNHCR pour 2013(Agence des Nations Unies pour les réfugiés)

Nina J.

dimanche 7 décembre 2014

La colère de Ferguson

Depuis l’annonce de la décision de ne pas inculper le policier qui avait tué Michael Brown, un jeune afro-américain, une vague d’émeutes a submergé la ville de Ferguson où a eu lieu l’homicide. Cet embrasement témoigne d’un malaise qui sévit aux Etats-Unis, déjà touché par plusieurs agitations raciales similaires.

Que s’est-il passé à Ferguson ?
Le 9 août, dans cette banlieue de Saint Louis dans le Missouri, Michael Brown un jeune noir de 18 ans a été abattu par Darren Wilson un policier blanc. Lorsqu’il est arrêté, le jeune homme est soupçonné d’avoir participé au cambriolage d’un magasin. Plusieurs versions s’opposent ensuite.  La police assure que Wilson aurait riposté à des attaques violentes du jeune homme qui, bien que non armé, aurait profité de sa carrure imposante pour impressionner l’officier et s’emparer de son arme. Des témoins déclarent pourtant qu’ils auraient vu le jeune homme lever les bras en l’air en signe de reddition. Le corps de Michael Brown a été retrouvé, atteint d’au moins six balles tandis que l’examen médical du policier révélait des atteintes au visage.

Quelle a été la sentence prononcée à l’encontre de Darren Wilson ?
 Après trois mois de délibération par un jury populaire composé de neuf Blancs et trois Noirs, le procureur de Saint Louis a prononcé, le 25 novembre dernier, un non-lieu dans l’affaire. Le magistrat a affirmé qu’il « n’y a pas de doute que l’agent Wilson a causé la mort » mais il ajoute que les jurés « ont déterminé qu’il n’y a pas de raison suffisante d’intenter des poursuites contre l’officier Wilson ». L’annonce de la décision du grand jury a immédiatement donné lieu à de violentes échauffourées (manifestations, incendies et pillages) à Ferguson tandis que le gouverneur du Missouri décrétait l’état d’urgence dans la ville et y déployait la garde nationale. Barack Obama et son ministre de la Justice, Eric Holder, sont également intervenus publiquement pour réclamer le calme

Que révèle cette affaire ?
Depuis le 25 novembre, l’escalade de la violence n’a pas cessé. Le mouvement s’est étendu à d’autres villes où des milliers d’américains sont descendus dans la rue, scandant les slogans  « No justice, no peace ! » (Pas de justice, pas de paix) ou encore « Black lifes matter ! » (Les vies noires comptent). Les tensions raciales atteignent avec ce drame leur paroxysme alors que les Etats-Unis ont déjà vécu plusieurs cas similaires. En 2012, la mort de Trayvon Martin, noir de 17 ans, tué par un policier avait déjà suscité l’émoi et l’indignation n’a cessé de monter depuis, contre la discrimination raciale encore bien trop présente outre-Atlantique.

Selon le maire démocrate de New-York, Bill de Blasio, les récentes bavures policières prennent leurs racines dans « des siècles de racisme » parmi les américains. « Le problème est systémique et nous devons parler franchement des dynamiques raciales de notre histoire ». En effet, « les jeunes hommes noirs tués par la police sont 21 fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs, selon une étude du site d'investigation ProPublica. »* Par ailleurs, le taux de chômage atteint le double de celui des Blancs : 13,4% contre 6,7% en 2013, selon l'institut Pew Research. Ces écarts n'ont quasiment pas varié en 60 ans, et ce particulièrement dans la ville de Ferguson, foyer de tension depuis le mois d’août. Comme beaucoup d'autres villes américaines du Nord-est et du Midwest industriel, Ferguson est caractérisée par le "white flight" (la fuite des Blancs), explique Pap Ndiaye, professeur d’histoire nord-américaine à Sciences Po. La ville comptait 85% de Blancs en 1980, aujourd'hui, 67% sont Afro-Américains. Pourtant cette mutation démographique ne s’est pas accompagnée d’un changement dans les structures politiques, y compris dans la police. De plus, la crise a creusé l’inégalité, la paupérisation touchant d’abord les tranches basses de la population Noire.

Pour vous rendre compte de cette réalité, voici encore quelques  données significatives: http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/05/les-inegalites-raciales-persistent-aux-etats-unis_4535561_4355770.html

Même si ces inégalités ne peuvent pas expliquer toutes les tensions, l’inaction du gouvernement d’Obama n’arrange rien. Autre scandale, une scène filmée par un témoin d’homme noir Eric Garner, accusé de vente de cigarettes de contrebande, immobilisé au sol par un policier alors qu’il prononce ses derniers mots : « I can’t breathe. I can’t breathe. » (Je ne peux pas respirer). On apprenait  encore samedi 6 décembre, la convocation d’un grand jury après la mort de Akai Gurley, un Noir de 28 ans abattu par un policier de New York. Ainsi, la violence de Ferguson révèle bel et bien un malaise qui paralyse de plus en plus la société américaine dans son ensemble.  


*Chiffres extrait de l’article «Noirs contre Blancs : les chiffres de la discrimination aux Etats-Unis », publié sur le Monde. Fr par Catherine Gouëset 

Pauline T. et Nina J.

dimanche 23 novembre 2014

Serait-ce la fin du capitalisme ? L'économie de partage selon Jeremy Rifkin

« Nous assistons aujourd’hui à la fin du capitalisme. » Cette annonce surprend évidemment : alors que l’on nous enseigne que le modèle capitaliste serait le seul viable depuis l’échec du communisme, certains économistes cherchent à démontrer qu’une troisième voie existe. Ne serait-ce donc pas « la fin de l’histoire » décrite par Fukuyama* ? 

Selon Jeremy Rifkin, le monde capitaliste serait en train de basculer vers une économie de partage. Elle serait fondée sur l’intérêt de la communauté plutôt que sur la seule satisfaction des désirs individuels. Internet nous a fait entrer dans une troisième révolution industrielle qui rendrait ce renversement possible. 
Une utopie me direz-vous ? Pour Jeremy Rifkin, c’est déjà une réalité.

·      Economiste américain, Rifkin est président de la Foundation on Economic Trends qui
réalise des travaux d’anticipation sur des questions économiques, sociales et environnementales depuis la fin des années 70. Il a notamment publié La Troisième Révolution Industrielle en 2012 et La Nouvelle Société du coût marginal zéro cette année. Il explique dans ce livre les fondements de l’économie du partage. Pour mieux saisir les enjeux de sa thèse, il est nécessaire de comprendre ce titre.
Premièrement, d’où vient cette nouvelle société ? Rifkin estime que de nombreux jeunes diplômés souhaiteraient devenir des entrepreneurs sociaux. Leurs entreprises se baseraient sur deux logiques, d’abord la rentabilité à tout prix qui régie aujourd’hui notre société mais aussi une philosophie à but non lucratif plus étonnante. Il parle donc de « communauté collaborative », c’est-à-dire une économie dans laquelle l’usage l’emporte sur la propriété et où les échanges se font directement entre les usagers.

·      Ensuite comment réaliser ce coût marginal zéro ? Rappelons d’abord que le coût
marginal correspond au coût de production d’un bien ou service supplémentaire diminué des coûts fixes. Par exemple, pour produire une table de plus, une entreprise devra financer les pieds et la planche (coûts moyens) mais sans repayer les coûts relatifs aux locaux ou à l’électricité (coûts fixes).  Notre économiste s’enthousiasme du fait qu’il peut réduire ce coût marginal jusqu’à atteindre presque « zéro » grâce à la révolution technologique.
Pour rendre cette idée concrète, nous pouvons prendre un exemple que nous connaissons tous : youtube. Force est de constater que chacun d’entre nous peut poster des vidéos gratuitement et les faire partager à d’autres grâce à internet. Les Moocs illustrent également ce phénomène. Depuis 2012, six millions d’étudiants suivent gratuitement des cours en ligne issus des meilleures universités du monde alors que d’autres déboursent des milliers de dollars. A l’évidence, notre société est en train de changer.

·      D’autre part, Rikfin s’appuie également sur deux principes révolutionnaires :
l’internet des objets et celui de l’énergie. En 2030, environ cent trillions de capteur connecteront tout. Si bien qu’un gigantesque réseau intelligent reliera l’ensemble des machines, domiciles et véhicules, c’est l’internet des objets.
De ce fait, chacun pourra accéder à ce réseau à travers tous les continents, soit pour acheter de l’énergie, soit pour revendre les surplus qu’on aura nous même produit grâce aux panneaux solaires, éoliennes et futures innovations. A l’aune de cette révolution, nous échangerons de l’énergie aussi aisément que nous le faisons actuellement pour l’information, il s’agit de l’internet de l’énergie.

·      Cependant, la condition sine qua non pour que l’économie de partage fonctionne est
que personne ne privatise le web. Il faut que l’organisation collective veille à laisser un accès libre à l’internet des objets, sinon tout ce système s’effondre.

·      La question du développement durable apparait en filigrane. Tout d’abord, produire
à un coût marginal proche de zéro signifie faire usage de très peu de ressources. De plus, le partage dans une économie circulaire de vêtements ou de voitures par exemple diminue notre empreinte écologique*. Rifkin avance que pour chaque voiture partagée, 15 seraient éliminées. Donc en administrant efficacement le partage de véhicule, nous pourrions diminuer de 80 % leur nombre. En outre, sa foi inébranlable dans le progrès technique le conduit à considérer que l’usage d’une énergie non polluante, gratuite et renouvelable sera possible.

A l’évidence, les thèses radicales de Rifkin ont souvent été critiquées. Le professeur Jean Gadrey émet deux principales objections. La première soulève un point non négligeable, il ne faut pas compter sur des miracles technologiques incertains. Les coûts marginaux zéro reposent sur des nouvelles technologies intelligentes qui nécessitent d’être améliorées. Ensuite, elles bénéficient d’énergies renouvelables qu’il faut trouver.
De surcroît, si le progrès technique aboutit comme l’espère Rifkin, les machines et robots intelligents vont remplacer le travail humain. Notre économiste répond en avançant qu’à court terme, des millions d’ingénieurs, architectes, ouvriers seront embauchées car l’économie collaborative nécessite de nombreuses installations. Mais après trente ans, tous les objets du quotidien seront automatisés. Il faudra donc réinventer le travail. In fine, c’est ce que Keynes appelait le chômage technologique, celui causé par le progrès technique qui réduit la demande de main d’œuvre alors que la découverte d’emploi s’avère un peu plus lente.
« Mais il n’y a là qu’un état temporaire de réadaptation. Tout ceci signifie, en fin de compte, que l’humanité est en train de résoudre le problème économique. »


Fukuyama :
Economiste et philosophe américain, il développe ses thèses dans un livre controversé publié en 1992 La Fin de l'Histoire et le dernier homme. Il défend le principe que  l'histoire humaine peut être envisagée comme un combat entre des idéologies. Elle touche donc à sa fin avec le consensus de la démocratie libérale qui semble suivre la guerre froide. C’est donc bien la victoire du capitalisme !

Empreinte écologie :
Surface nécessaire pour produire ce qui est consommé par une population et pour absorber les gaz à effet de serre engendrés.


Nina J.

L'Etat Islamique: un fléau multiforme

         Alors qu’on apprenait, mercredi 19 novembre, qu’un deuxième français avait été identifié  dans une vidéo de l’Etat Islamique mettant en scène l’exécution d’otages, nous avons voulu revenir sur l’actualité au Moyen-Orient. C’est ce sujet brûlant qui occupe l’actualité internationale mais aussi nationale, soulevant le problème de radicalisation.

Un conflit violent qui mobilise la communauté internationale
Le succès des offensives des combattants de l’Etat islamique leur a permis de s’implanter sur un large territoire que le 29 juin dernier, le chef djhadiste Abou Bakr al-Baghdadi,  a proclamé comme son « califat ». L’organisation s’est vue gonflée de combattants sunnites et de plusieurs groupes islamistes issus du front al-Nosra ou même de l’Armée Syrienne Libre. Fort de ces ralliements, le groupe a pris le contrôle de Mossoul au nord de l’Irak et a avancé vers l’Ouest et la Syrie jusqu’à la frontière turque depuis le printemps. Ses conquêtes lui ont permis d’accumuler un trésor de guerre d’un demi-milliard de dollars grâce à la contrebande du pétrole et le pillage des villages occupés. C’est ce qui en fait aujourd’hui « le groupe terroriste le plus puissant du monde, en terme d’armes et de financement ».  
Une coalition internationale de plus de 40 pays s’est mobilisée pour apporter son soutien militaire, financier et humanitaire à l’Irak et à son armée en déroute. Cependant aucune puissance n’a envoyé de troupes au sol, la mobilisation est principalement aérienne. En effet, la France opère à partir de ses bases au Moyen Orient depuis septembre, en parallèle le Canada, le Royaume Uni et plusieurs pays arabes (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis,etc.) ont aussi octroyé des aides. Enfin, les Etats-Unis agissent directement sur le terrain. La semaine dernière, Barack Obama a annoncé l’envoi de 1 500 conseillers militaires supplémentaires, portant à 3 100 hommes le contingent américain.  La communauté internationale a pourtant du mal à porter un coup décisif à Daech dont la puissance reste incontestée. L’enjeu majeur réside aujourd’hui dans l’affaiblissement de ses moyens de ravitaillement et notamment son accès au pétrole. Les troupes irakiennes ont d’ailleurs annoncé, le 14 novembre, avoir repris le contrôle de la ville de Baïji située près de la plus grande raffinerie d’Irak.

Un conflit médiatique qui pose des questions sociales

L’Etat Islamique, plus qu’un groupe djihadiste, est devenu une institution, une marque qui rallie des organisations terroristes au-delà de ses frontières irako-syriennes jusqu’au Yémen et au Maghreb. Aujourd’hui, les médias occidentaux et les politiques utilisent différents noms pour qualifier cette organisation qui mobilise à travers le monde.  D’abord baptisée  « Etat islamique en Irak et Au Levant » (EIIL ou ISIS en anglais), les politiques français ont ensuite  choisi de nommer l’organisation de son nom arabe « Daech ». Cela permet de retirer la notion d’ « Etat », puisqu’il n’est bien sûr pas reconnu en tant que tel. Ce débat autour de dénomination de l’ « ennemi » reflète la dimension médiatique qu’a prise la situation au Moyen-Orient. 
Effectivement, Daech cultive sa communication. Présente sur internet et les réseaux sociaux, ces canaux lui sont utiles  pour enrôler  des combattants partout dans le monde grâce à une stratégie de propagande. En témoigne la publication, le 28 octobre dernier, d’une vidéo mettant en scène le journaliste britannique John Cantile, enlevé en 2012, progressant librement au milieu des ruines et vantant la victoire de l’EI à Kobané (ville kurde à la frontière turque). Les autorités occidentales pensent qu’il a conduit ce reportage ultra-réaliste sous la menace. Ainsi l’Etat Islamique met tout en œuvre pour manipuler les esprits, et cela fonctionne !  Dans la dernière vidéo d’exécution de soldats syriens et de l’otage américain Peter Kassig, les services de renseignements ont pu reconnaître un jeune français de 22 ans, Maxime Hauchard, un jeune normand sans histoire. Ces phénomènes de radicalisations inquiètent l’Occident, qui voit le terrorisme s’importer dans sa société, incapable de réagir. Finalement, L’EIIL, Etat Islamique ou Daech, quel que soit son nom, remplit ses objectifs : s’étendre au Moyen-Orient et déstabiliser l’Occident.  

Pauline T.

dimanche 5 octobre 2014

Interview de Roger Motte Grand Reporter à France Télévisions

Chers lecteurs, je vous livre aujourd'hui en exclusivité l'interview de notre premier journaliste : Roger Motte
Je vous conseille également de lire l'article qui lui est consacré : 
Roger Motte Grand Reporter à France Télévisions

Tout d'abord, qu'aimeriez-vous dire à nos lecteurs qui souhaiteraient devenir journalistes ou grands reporters ?

Si vous souhaitez devenir journaliste, puis un jour grand reporter, vous devez aimer aller vers les gens et le monde qui les entoure. La curiosité sera votre meilleur atout ; ensuite prenez du plaisir à raconter des histoires, pas les inventer mais les retranscrire car la réalité n'a pas besoin d'invention, elle est naturellement surprenante, forte et intéressante… 
Être journaliste c'est transmettre, informer, éduquer. Vous avez plusieurs supports possible : l'image, le son, les mots écrits ou lus, vous pouvez raconter le monde de mille façons mais vous trouverez celui qui vous convient le mieux qu'en vous faisant plaisir. Il y a mille sujets ou domaines aussi : la société, la nature, le sport, la politique, la géo-politique, la médecine, le social et que sais-je… mais en fait, tous sont le même, ils racontent comment le Monde tourne et parfois comment il boîte… 
Être journaliste, c'est avoir envie d'aller voir comment se passe les choses à l'endroit précis où elles se passent, devenir l'œil, l'oreille, le cœur de ceux qui ne bougent pas mais qui veulent connaître et comprendre le Monde qui les entoure.
Ensuite, parlez-nous des moments où vous avez estimé qu'il fallait mieux "poser" votre caméra et expliquez-nous pourquoi.

Dans la carrière d'un grand reporter, il y a de moments où effectivement, il convient de "poser" sa caméra ou son micro, c'est précisément les moments où on ne fait plus son métier de "reporter", celui qui "reporte" ou rapporte l'information pour éclairer ses contemporains, mais où on devient "voyeur", au moment où on ne rentre non pas dans la vie des gens pour la partager et la faire connaître (qu'elle soit facile, drôle, dure ou dramatique) mais où on dépasse les limites de leur intimité profonde et leur propre liberté de choix.

Cela m'est arrivé avec des prisonniers irakiens pendant la première guerre du Golfe en 1994 ou avec des enfants orphelins malades et abandonnés durant la révolution roumaine en 1989, il fallait parler de leur situation mais ne pas les humilier.


Enfin, faites-nous partager l'expérience qui vous a le plus marquée en tant que grand reporter.

Il y a eu beaucoup de moments marquants et forts dans ma carrière, c'est très difficile d'en dégager un seul. Disons, que durant ces 30 dernières années, j'ai vécu de grandes périodes qui m'ont marqué : la guerre du Liban au milieu des années 80, la révolution roumaine et le bouleversement politique en Europe de l'Est avec la chute du mur à Berlin en 1989, la guerre de Bosnie que j'ai couvert du début à la fin, les grands évènements en Afrique dans les années 90, beaucoup de grandes missions pour des magazines aux quatre coins de la planète… 
Bref, impossible de détacher un seul moment. Le meilleur reste à venir peut-être… :-)

Un grand merci à Roger Motte pour avoir répondu à mes questions !

Nina J 

lundi 15 septembre 2014

Le conflit israélo-palestinien: toujours cité, pas toujours compris

Depuis la création de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948, le Moyen-Orient a été le théâtre d’une succession de tensions entre israéliens et palestiniens.  Aujourd’hui, ce conflit particulièrement complexe  est à nouveau un sujet d’actualité. Nous allons tenter de vous éclairer sur quelques points clés.

Les origines du conflit
Il  faut remonter à la fin de la Première Guerre Mondiale pour comprendre comment sont nées les tensions actuelles. Jusqu’en 1918, la Palestine est contrôlée par l’Empire Ottoman, mais celui-ci fait partie des vaincus et il est démantelé à la fin de la guerre. Ses territoires sont alors confiés à la Société des Nations pour être attribués sous forme de mandats de 40 ans aux pays vainqueurs. La Grande-Bretagne hérite des territoires de la Palestine habités par des arabes musulmans et une minorité de juifs. Il faut en effet savoir que depuis la fin du XIXè siècle, sous l’égide de Théodore Herzl, se développe le sionisme. C'est un nationalisme juif grandissant en réaction à l’antisémitisme qui s’exacerbe en Europe et en Russie. Herzl publie L’État des Juifs en 1896 où il estime qu’il n’y a aucune possibilité d’assimilation des Juifs et que l’antisémitisme est inéluctable, la seule solution possible étant la création d’un État Juif en territoire sacré c'est-à-dire en Palestine, autour de Jérusalem. En 1917, avec la Déclaration de Balfour, le Royaume-Uni avait promis aux Juifs la création d’un foyer national juif c’est pourquoi les britanniques, quand ils héritent de la Palestine, sont rapidement confrontés aux revendications nationalistes de la communauté israélite. Mais la coexistence entre arabes et juifs paraissant difficile aucune partition n’est organisée à cette époque. L’immigration des juifs vers la Palestine, s’accroit encore pendant la 2ème Guerre Mondiale où les juifs sont poursuivis par le régime nazi. Mais en 1948, le mandat britannique prend fin et l’ONU prévoit un plan de partage de la région qui n’est ni accepté par les arabes ni par les juifs. Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël proclame son indépendance et dès le lendemain, les Etats arabes lui déclarent la guerre. C’est la première guerre israélo-arabe, le premier d’une longue série de conflits.

Un territoire entre tensions et apaisement
La Première guerre israélo-arabe (1948-1949) et remportée par Israël qui agrandit alors son territoire. La région connaît plusieurs crises jusqu’à la guerre de 6 jours en 1967 où Israël récupère la bande de Gaza jusqu’alors occupée par l’Egypte, Jérusalem, le désert du Sinaï et  la Cisjordanie. Ce sont les « Territoires Occupés ».


Des négociations pour la paix sont amorcées avec les accords d’Oslo en 1993. Le 13 septembre, Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, serre la main au leader palestinien Yasser Arafat devant la Maison Blanche : pour la première fois israéliens  et palestiniens se reconnaissent mutuellement. Les accords signés sont censés aboutir à l’indépendance de la Cisjordanie et de la bande de Gaza cédés par Israël. Mais l’armée israélienne reste toujours présente sur ces territoires et des colons israéliens s’installent dans certaines régions normalement palestiniennes.  



Un processus de paix au point mort
Depuis 2010, la situation est bloquée. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, refuse de stopper la colonisation sur les territoires palestiniens. D’autre part les palestiniens peinent à s’organiser depuis 2007 où  le Hamas a  organisé un putsch contre l’Autorité Palestinienne régulière et détient depuis le pouvoir dans la bande de Gaza. Le Hamas est un mouvement islamiste  extrémiste considéré comme une organisation terroriste selon les pays Occidentaux , il prône la destruction de l'Etat d'Israël.

Un conflit remis sur la table
L’opération « Bordure protectrice » lancée par Israël le 8 juillet 2014 est la troisième offensive depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas et une des plus violentes. La situation s’est détériorée entre Israël et la Palestine après la mort de trois adolescents israéliens début juin puis l’enlèvement et le meurtre d’un jeune palestinien début juillet. Des frappes ont  débuté dans la nuit du 7 juillet, initiées par des tirs de roquettes du Hamas. Dès lors, Israël bombardait les caches décisives du Hamas : réserves d’armement, tunnel souterrains, infrastructures militaires. Les hostilités ont pris fin le 26 août, après 50 jours de combats qui ont causé la mort de 2 138 Palestiniens, dont un quart d'enfants, et 70 Israéliens, dont 64 soldats et un enfant.



Un accord a été pris pour un cessez le feu « illimité » et une atténuation du blocus  mis en place depuis 2006 par Israël sur la bande de Gaza (ouverture immédiate de points de passage entre Gaza, Israël et l'Egypte par exemple ). Aujourd’hui l’heure reste aux négociations quant à la démilitarisation de Gaza et la libération de membres du Hamas détenus en Cisjordanie occupée. Des enquêtes sont aussi en cours pour déterminer si des « crimes de guerre » ont eu lieu ou non dans les deux camps pendant les combats.

Les Etats-Unis et l’ONU se sont félicités de cet accord mais la paix est loin d’être définitivement acquise. Ce n’est que le début d’une longue marche vers la paix entre deux ennemis historiques.

Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pour approfondir encore votre compréhension de ce conflit épineux nous vous invitons vivement à regarder cette vidéo !



Pauline. T